Publié en mars 2022


Début Mars 2022, différents journaux ont rapporté qu’un réseau de « faux-serruriers » est tombé pour de multiples arnaques au dépannage et deux de ses organiseurs ont été condamnées à de la prison ferme (voir par exemple 20Minutes).

C’est à notre connaissance la première fois qu’une peine de prison ferme est prononcée dans ce type d’affaire à l’encontre de têtes de réseaux de faux-serruriers. Plus intéressant encore, les pouvoirs publics semblent enfin reconnaître que les arnaques au dépannage sont le fait de bandes organisées ! Mais, si quelques autres réseaux ont bien été démantelés, comme en Octobre 2020 en Ile-de-France, et en Mai 2021 dans la région Lyonnaise, pourquoi ces faux serruriers peuvent-ils opérer, la plupart du temps, en toute impunité ? Pourquoi les condamnations ne sont-elles pas plus fréquentes ? Cet article vous propose un tour d’horizon du phénomène.

matériel faux serruriers
Saisie du matériel d’une équipe de faux serruriers à Paris. Notez la présence de nombreux terminaux de paiement …

Faux serruriers : une organisation complexe

L’ arnaque au dépannage en serrurerie est une dérive qui existe bien sûr depuis plusieurs décennies. Mais elle a pris de l’ampleur à mesure qu’Internet est devenu incontournable pour rechercher un professionnel. Et Internet a justement permis aux escrocs de bâtir une organisation complexe …

Prenons l’exemple d’un client peu méfiant, qui a besoin d’un dépannage et appelle l’un des premiers numéros trouvés au hasard dans les résultats d’un moteur de recherche, puis se fait escroquer. La victime en réalité été en contact, sans le savoir, avec plusieurs sociétés travaillant de concert : une première entreprise possède le nom de domaine (ex: www.escroc.com) du site consulté par la victime. Une seconde entreprise exploite le site lui-même, et loue cet espace « publicitaire » à qui veut y placer un numéro de téléphone : le propriétaire du numéro est donc une troisième société, souvent un centre d’appel. Enfin, les coordonnées de la future victime sont revendues à une quatrième société, qui, elle, dépêche sur place un ou deux faux-serruriers chargés de lui soutirer le maximum.  

Pour corser le tout, un même numéro de téléphone peut se trouver sur des dizaines de sites différents, et plusieurs clients peuvent s’être fait escroquer par plusieurs sociétés de faux-serruriers différentes tout en ayant appelé le même numéro ! De plus, à l’adresse figurant sur la facture se trouve une société de domiciliation ou un local vide imitant l’apparence d’une boutique de serrurier. Parfois, plusieurs entreprises se partagent une seule et même boutique fictive, et utilisent donc la même adresse pour créer leurs établissements respectifs ! Bien entendu, aucune de ces entreprises n’est propriétaire de la dite boutique.

En résumé, l’organisation est complexe et bien ficelée, avec différents acteurs chargés des aspects « logistique » utiles aux faux-serruriers : location de sites internet, location de noms de domaine, location de fausses boutiques … Cette organisation opaque rends donc difficile les recours que la victime peut engager auprès de la société qui l’a escroqué !

Des sociétés évanescentes

Pour brouiller les pistes, il arrive parfois que les faux-serruriers établissent à leur victime une facture libellée au nom d’une entreprise fantôme (faux SIRET, fausse adresse, faux numéros de téléphone), ou même libellée au nom d’une vraie société de serrurerie avec pignon sur rue, qui voit alors son identité usurpée ! Impossible dans ce cas pour la victime de se retourner auprès de l’escroc et d’engager des poursuites.

Pour limiter toujours le risque de poursuites, la durée de vie de ces établissements est très courte. En effet, ces sociétés de faux serruriers – celles qui opèrent effectivement sur le terrain –  sont éphémères, et déposent le bilan après 1 ou 2 ans d’activité. Après quoi une nouvelle entreprise sort de terre : mêmes méthodes, mêmes intervenants, même gérant de paille … mais nouvelle adresse et nouveau nom commercial ! Tout ceci avant que leurs arnaques n’aient eu le temps d’attirer l’attention des autorités, ou s’il y a eu dépôt de plaintes, avant que la Justice n’ait traité leur cas.

En pratique, il faut que du multiples plaintes visent un même établissement en quelques mois pour espérer obtenir une condamnation effective. Rien d’étonnant donc à constater que peu d’entreprises sont finalement mises hors-jeu par les pouvoirs publics ! Pire, il n’est pas rare de constater que des sociétés continue leurs activités après que leurs responsables aient écopé d’une interdiction d’exercer …

Des dispositions légales peu efficaces face aux faux serruriers

Conscients du phénomène, le législateur a tenté de renforcer le cadre légal entourant les pratiques de dépannage à domicile, mais les activités des faux-serruriers n’en retrouvent pas du tout gênées !

D’une part, le sociétés du bâtiment proposant leur service d’urgence au domicile des particuliers (serrurier, plombiers, électriciens, vitriers …) sont ainsi tenues d’afficher le détail de leurs prix sur leur site internet, et le cas échéant dans leur boutique. Hélas, cette mesure a précisément l’effet inverse de celui recherchée : pour une ouverture de porte claquée, un serrurier honnête affiche donc un forfait moyen autour de 100€, là où le site d’un faux serrurier annoncera une intervention 24/24 pour 30€ … et semblera donc plus attractif !

D’autre part, les  société de dépannage sont également tenues de réaliser un devis dès le premier euro. Or les faux-serruriers savent parfaitement embobiner leur victime et la mettre sous pression afin de réaliser l’ouverture de la porte et le changement (souvent inutile) de la serrure, avant même que la victime ait pu donner son accord. Comme tout se passe à huis-clos sur le pallier entre la victime et le ou les dépanneurs, difficile ensuite pour celle-ci de prouver qu’aucun devis préalable n’a été signé … Pire, les escrocs forcent souvent leur victime à signer, en guise de facture, un document portant une mention telle que « devis accepté avant travaux » !

Comment éviter de tomber sur un faux serrurier ?

Afin de tout comprendre aux faux-serruriers et apprendre à les éviter, nous vous conseillons la lecture de notre Livre Blanc du dépannage en serrurerie. Vous y découvrirez plus en détail le mode opératoire de ces réseaux.

Pour éviter les arnaques en serrurerie, le meilleur conseil est de ne pas attendre d’avoir besoin d’un serrurier en urgence pour en chercher un. Gardez sur vous les coordonnées d’un ou plusieurs serruriers fiables, ayant pignon sur rue avec une vraie boutique dans laquelle vous pourriez vous rendre, ayant aussi une certaine ancienneté, une appartenance à des réseaux d’installateurs reconnus, etc. Veillez à ce que le numéro de téléphone appartienne bien à la serrurerie en question, et qu’il ne figure pas sur des sites de plombiers et d’électriciens à l’autre bout du département !

Lors de notre travail de labellisation, nous avons déjà réalisé ces différentes recherches pour vous. Ainsi, choisir un serrurier labellisé Serruriers de France®, c’est l’assurance de faire appel à une société fiable et reconnue par ses pairs. Trouvez dès aujourd’hui la société labellisée la plus proche de chez vous, et conservez-en précieusement les coordonnées pour le jour où vous pourriez en avoir besoin !

https://www.serruriers-de-france.com/article/actualites/un-reseau-de-faux-serruriers-derriere-les-barreaux#:~:text=D%C3%A9but%20Mars%202022%2C%20diff%C3%A9rents%20journaux,(voir%20par%20exemple%2020Minutes).

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